Régulièrement, lorsque j’évoque l’utilisation de l’EMDR en thérapie, beaucoup de mes patient.e.s me répondent qu’ils ou elles n’ont pas vécu les attentats ou une guerre.
Au-delà du fait que nos actualités sont pleines de ces références, ce qu’est un traumatisme ne se « mesure » pas simplement au degré de sévérité ou gravité de l’expérience vécue.
Traumas, résilience et thérapie
Si, effectivement je vais considérer que cet outil serait intéressant dans la thérapie, ce n’est pas simplement parce que la situation vécue est grave mais parce que les traces de ce souvenir sont encore très actives dans le présent.
Boris Cyrulnik a largement expliqué et développé la question de la résilience pour savoir que notre système nerveux central, nos affects vont faire le maximum pour nous aider à dépasser les traumas subis.
Il est essentiel de penser notre fonctionnement cérébral comme notre peau. Le système principal est un système d’auto-guérison. La où la peau cicatrise, le cerveau retraite pour nous permettre de « digérer » des informations fortes et chargées émotionnellement.
Fonctionnant pour et par lui-même, le corps dans son entier va absorber les plaies et autres blessures.
Il a été constaté avec les différents symptômes des états de stress post-traumatiques que face à la violence émotionnelle de certains évènements, le cerveau va comme « figer » l’évènement.
Il peut alors utiliser des effets dissociatifs par exemple ou fixer le traumatisme pour ne pas être submergé.e.
Dans tous les cas, votre cerveau fait les choses dans une volonté de survie psychique et physique.
Rien n’est fait contre soi-même.
Il en est de même pour la mémoire traumatique.
Si une personne « a oublié » l’évènement traumatique c’est uniquement pour s’éviter d’être complètement happée par la violence émotionnelle.
Faut-il réveiller ces souvenirs s’ils sont traumatiques ?
C’est une vraie question qu’il est important de soulever avec le ou la psychologue qui vous accompagne.
Il ne s’agit pas de réactiver toute la chaîne émotionnelle « parce qu’on serait en thérapie » (et que ce serait indispensable).
La part et la place des traumatismes subis seront à aborder et à retraiter parce que, justement, dans le présent, ils sont déclencheurs de souffrances actives et douloureuses.
Paul, après un grave accident de la route ne pouvait plus prendre sa voiture sur l’autoroute, était terrifié dès qu’il entendait les sirènes de pompiers…
Ici, si l’accident paraît « résolu » (ce qui n’est pas assuré au vu des déclencheurs suivants), cela l’empêche néanmoins de s’ouvrir à certains champs des possibles.
Aussi, lorsqu’au cours de la thérapie, il est question de ces souvenirs douloureux, c’est bien ensemble, patient.e et psychologue qu’il est décidé de les traiter.
On va d’ailleurs mettre en place un cadrage sécurisant, avec une préparation construite toujours ensemble.
Je m’assure régulièrement du sentiment de sécurité et de stabilisation.
L’EMDR a emprunté des outils spécifiques à la relaxation notamment pour bien accompagner toute nouvelle douleur.
Il existe aussi des protocoles dits « à l’aveugle » notamment pour des patient.e.s ayant subi des violences sexuelles qui n’imposent pas de verbaliser ce qui a été vécu tant que le retraitement se fait.
Donc, rassurez-vous, non seulement en cas de traumatismes sévères, les séances ne se feront jamais sans un accompagnement adapté et sécurisé. Et, même lorsque nous convenons d’un travail en ce sens, je m’assure que vous vous sentez en sécurité et prêt.e.
L’EMDR et les traumatismes sévères
Si l’OMS a considéré que cette pratique reste la plus efficace pour les retraitements d’états de stress post-traumatiques, l’EMDR est plus que préconisé après des violences (enfance et/ou adulte), violences sexuelles, agression, attentat, accident etc.
Dans le cadre des viols et violences sexuelles, je mets un point d’honneur à ce que vous vous sentiez suffisamment en confiance et le travail sera fait, à votre rythme, sur mesure.
Dans tous les cas, lors de la première rencontre qui est gratuite, sans engagement et informelle, nous pourrons en discuter.
Je rappelle que ce travail peut aussi se faire en distanciel.