Thérapie de couple: quand la communication s’enraille…
Rencontrer deux personnes autour de la question de la continuité d’une histoire d’amour ne revient pas forcément à faire revivre le sentiment amoureux.
La plupart des couples qui passe la porte d’un cabinet d’un(e) psychologue vient avant tout y rechercher des clés, des outils pour permettre, justement, l’expression d’un amour « endormi », « éteint » après des mois ou des années sans avoir réussi à le laisser s’exprimer ou le retrouver.
Derrière l’espoir de pouvoir enfin dire ce qui est ressenti, se retrouve surtout celui de se faire entendre.
Mais dans cette recherche de compréhension réciproque se cache aussi une part de recherche de reconnaissance:
Reconnaissance de ses différences, reconnaissance des torts, des mots et des maux mal employés, mal digérés.
Au-delà du règlement de comptes apparent se cache bien souvent un cri d’amour à l’autre.
Celui qui dirait « entends- moi » et « aime-moi » sous entendants « un peu mieux que ça ».
Dans la thérapie de couple, le travail du psychologue d’abord mais des 2 protagonistes surtout, sera de mettre en avant à la fois le ressenti de chacun mais la possibilité, la clé, d’être entendu(e) au-delà de ce que chacun pense être une vérité.
Il suffit parfois de se rappeler du précepte « entendre les deux sons de cloche pour se faire une opinion » et se rejoue la scène de l’étalage de griefs comme pour retrouver un juge qui trancherait. Nous l’avons tous fait avec des amis, des proches.
Or, la thérapie de couple répond avant tout à la demande de neutralité où chacun aurait à la fois la possibilité de se dire, se dévoiler mais surtout la certitude d’être reçu dans ses mots/maux.
Après avoir enfin posé un cadre qui permet à chacun non seulement de dire, le travail va être de chercher les moyens d’être compris.e, entendu.e au-delà du prisme de sa propre perception du moment.
S’il y a eu dispute c’est que chaque partie a été blessée suffisamment pour avoir besoin de réagir.
Et se comprendre c’est mettre en place un mécanisme de dépassement de soi tout en passant par soi.
Si l’un.e, en colère, souhaite mettre un terme à la discussion houleuse du moment et que l’autre semble le/la harceler afin « d’en discuter » tout en haussant le ton de plus en plus fort, quel moyen trouver pour que chacun.e puisse se faire entendre ?
Au cours de la thérapie de couple, le premier travail à effectuer va d’abord de permettre à chacun de restaurer une situation d’écoute active et bienveillante: d’où partait le conflit ? Cachait il une autre thématique suffisamment douloureuse mais restée dans le non-dit du moment ?
Une fois « la cause » circonscrite, quels ont été les moyens de communication utilisés ? La virulence ? Les larmes ? le conflits ? Les cris ?
Et quand chacun a pris conscience qu’il a manqué de hauteur, que l’apaisement n’était pas recherché mais bien la force de convaincre, le dialogue peut alors se (ré)engager: quel était le message ? Et derrière lui, le besoin ? Parce que finalement ai-je bien pris la peine d’exprimer mes besoins ? Si oui, vraiment ? Et comment ?
Les espaces de communication trouvés par les couples se jouent, le plus souvent, lors des tensions.
Provoquées par une multitudes de faits extérieurs au couple (travail, sommeil des enfants, routine, peur de voir les choses s’échapper avec le temps…), les tensions deviennent vecteurs de communication.
Musset disait « les plus désespérés sont les chants les plus beaux ».
Et du lugubre émotionnel peut, effectivement, sortir la difficulté du moment. Sauf que le partenaire vit aussi dans le malaise ambiant. La communication qualitative n’est donc plus possible et le conflit devient inévitable.
Clés de communication du couple:
– Ne pas attendre pour commencer à exprimer un ressenti quitte à ne pas savoir comment le déposer. Il vaut mieux un « je ne sais pas trop ce que j’ai en ce moment » qu’une longue rumination qui se terminerait pas un « TU es insupportable » (variant du « JE ne TE supporte plus! »).
– Savoir se réserver de véritables moments pour évoquer le quotidien en prenant un peu de recul.
Les enfants et la logistique quotidienne ne relèvent pas de l’impossible: les enfants peuvent dîner avant le couple parental dans la semaine ou durant le week-end pour permettre un moment d’intimité qui ne nécessite pas une sortie au restaurant.
– Rester sur la définition du malaise: reprocher à sa moitié de ne pas faire quelque chose ne doit pas devenir une critique à l’égard de sa personnalité toute entière:
Dire « tu ne fais jamais rien dans la maison » n’est pas la méthode efficace pour espérer provoquer un changement.
Celui qui le reçoit entend en priorité le « jamais » qui s’attaque directement à ce qu’il est.
Traduction à tous les coups par un « Tu es un fainéant/ tu ne vaux rien etc. ».
Bannir les « toujours » et les « jamais ».
Rien n’est figé surtout dans la thérapie de couple: faire avancer le couple revient à penser que tout y est possible (et tout y est possible).
– Dépasser le concept du « personne ne change »: l’évolution a guidé l’être humain sur des millénaires.
L’amélioration de soi reste la priorité de l’humain adulte. Il se devait de grandir jusque là et toute son énergie était concentrée sur cette priorité mais la quête du devenir meilleur en devient une autre une fois adulte quelque soit le chemin choisi.
Commencer donc un échange dans l’espoir de voir une situation évoluer peut se faire à condition que chacun.e l’aborde avec bienveillance envers ce que l’autre peut y apporter.
– Transformer au maximum de « tu » par « on »:
la majorité des disputes débutent par un « tu » accusateur.
Aucun être humain ne peut résister à l’attaque du « tu ». Par contre, se sentir comme partie intégrante d’un tout (évolutif) permettra de favoriser la réception et l’écoute.
Il sera plus facile de commencer l’expression de ses difficulté par une série de « on » comme « on devrait se parler un peu de ce qui se passe » ou « on a un problème qui nous pèse, on devrait prendre un moment… ».
La communication reflète la qualité de l’expression de soi et ainsi qu’une part de la confiance (dans l’abandon de soi) que l’on accorde à l’autre.
S’il existe des outils donnés en thérapie de couple, il n’en demeure pas moins que la réussite d’un couple se joue autour des clés que l’on peut trouver.
Il suffit parfois de faire simple et de ne pas oublier le sentiment amoureux qui porte.
Sans lui, l’émotion ne serait pas au rendez-vous…