Depuis des années, j’entends souvent que la sexualité des hommes est plus importante que celle des femmes ou bien que les femmes auraient moins de besoins que les hommes…
Que certain.e.s « y arrivent » et d’autres pas. Que c’est « normal » parce qu’on est différent.e.s, qu’on a moins envie etc.
Bref, un ensemble de croyances qui ne facilitent pas la rencontre et surtout, le sentiment d’une sexualité épanouie.
Il faudrait des livres entiers pour expliquer ces différences anatomiques, psychologiques, sociales mais surtout saisir combien le renforcement de ces croyances est délétère aux deux !
Développement de la sexualité depuis l’enfance
Si le fonctionnement physiologique, hormonal et cérébral de la sexualité a été étudié de très près chez l’animal, la même étude chez l’humain est plus complexe.
Mais on peut observer des vasocongestions des organes génitaux (augmentation du flux sanguin dans certains tissus corporels provoquant un gonflement) dès la 12ème semaine de gestation et l’érection dès la 23ème semaine.
On note des stimulations génitales dès la phase utérine.
Ces données suggèrent que le développement de ce qui deviendra la motivation sexuelle pourrait débuter avant la naissance.
Après la naissance c’est l’environnement humain qui va influencer de façon déterminante la motivation sexuelle.
L’ethnologie montre ainsi que les sociétés les plus sexuellement restrictives empêchent les activités d’auto-érotisme (masturbation) et sexuelles.
Pour exemple, les femmes Sso n’ont d’activités sexuelles que douloureuses dans le but d’enfanter.
Inversement, plus un groupe social est peu à pas restrictif, on observe dès l’enfance des activités auto-érotiques et sexuelles avec les pairs.
Ces observations menées dans les sociétés occidentales au plus fort des la période libérale (1960-1970) ont porté toute leur attention sur le plaisir génital et le système de récompense associé (le plaisir).
Ainsi de la petite enfance à la puberté, ces différentes données ethnologiques et développementales nous suggèrent que la motivation sexuelle, et en particulier son intensité, se développe essentiellement en fonction de caractéristiques du vécu sexuel.
Le développement du système de récompense par le plaisir ressenti est influencé par ces mêmes activités sexuelles (plus ou moins permises) renforcé par la stimulation des zones érogènes.
Garçon ou fille, le principe physiologique est donc le même.
Mais c’est bien d’autres facteurs qui vont influencer la motivation sexuelle.
Et ces derniers concernent autant les apprentissages culturels que des phénomènes biologiques comme la puberté, les conditionnements émotionnels…
Cela complique les opérations soudain !
Les influences sur la sexualité :
Dès a puberté, on considèrera que les hormones ont leur rôle à jouer dans la motivation sexuelle.
Certains conditionnements vont influencer aussi cette motivation.
Ce sont des comportements valorisés selon d’autres comportements répétés et/ou des récompenses reçues. Ils sont surtout impliqués dans la formation de motivations préférentielles (comme l’âge, la couleur de la peau, la taille des seins, des activités érotiques…).
C’est néanmoins l’association des émotions qui semble être un facteur majeur de la motivation sexuelle.
On note que les émotions dites « positives » (joie, tendresse, complicité, amour…) renforcent l’intensité de la motivation sexuelle.
Par opposition, des émotions comme la peur, la douleur, la honte ou la déception altèrent la motivation sexuelle de façon transitoire ou durable.
Il est à noter que plus ces mêmes émotions sont marquées dans les relations sexuelles plus elles interfèrent dans la motivation.
Il reste à aborder les facteurs cognitifs (la pensée) et culturels pour évaluer leurs influences majeures dans l’évolution des motivations sexuelles.
Nous savons que les capacités de réflexion, d’analyse et de développement de la pensée ont permis à l’être humain d’élaborer des règles, des normes, des lois mais des croyances aussi avec des valeurs morales et/ou éthiques qui vont forcément influencer nos comportements.
Il est en de même avec la sexualité et l’expression des désirs humains.
Chaque société a conçu des normes spécifiques à la sexualité. On les appelle des « scripts sexuels ».
Ces derniers précisent quelles sont les activités érotiques qui sont culturellement acceptées et comment elles devront être réalisées pour être conformes aux normes considérées en usage.
Ces scripts sexuels couvrent autant des pratiques sexuelles à proprement parler (valorisant ou condamnant l’hétéro-, homo-, bisexualité) comme des comportements (la fidélité, la performance, l’échangisme etc.).
En bref !
Avant de renforcer la question des différences entre les femmes et les hommes, il est essentiel de comprendre que chaque individu ne vient pas simplement au monde avec une carte de sa sexualité toute faite et finie.
Elle va se construire selon des critères à la fois internes et externes.
Les influences sont nombreuses et notre culture est un biais essentiel.
La famille aussi va porter sa part dans notre élaboration et motivation sexuelle.
Personne ne vient d’une autre planète, ni Mars ni Vénus.
C’est bien dans le groupe et ses influences que vont émerger les bases de la sexualité.
Dans l’action thérapeutique, ces différents facteurs seront donc à considérer et intégrés.
Je rappelle que les traumatismes ont aussi leurs impacts dans la construction de son identité et son parcours.
Il est donc essentiel de se déculpabiliser si « on n’y arrive pas », qu’on « ne sait pas faire comme les autres »… Ce sont avant tout des modèles.
Et ces modèles ne sont pas forcément ceux qui vous conviennent… Et nos propres clés sont la garantie de notre épanouissement.