Sens de la vie ou la vie a un sens ?
Les différents évènements historiques que nous traversons depuis plusieurs années, l’accès à d’autres formes d’informations, le développement et la vulgarisation de savoirs variés ont permis des réflexions spécifiques à notre temps.
Le confinement, la libération de la parole des femmes, les risques sanitaires, écologiques, économiques ont mis à mal des systèmes devenus parfois obsolètes et/ou inadaptés.
Les besoins, les envies, les projets connaissent de véritables changements quand ce ne sont pas des révolutions.
Et, une question centrale se pose de plus en plus souvent au cœur même des thérapies.
Quel sens … à la vie / tout cela / au travail etc. ?
Question centrée à centrale
Entre philosophie et psychologie existentielle, pourquoi ne pas utiliser cet espace et ce moment thérapeutique pour engager sa réflexion sur la vie en général et la sienne en particulier ?
Beaucoup de personnes font appel à un.e psychologue pour traiter une problématique à un moment donné.
Mais ce moment, cette épreuve, s’inscrit aussi dans un tout qui nous concerne.
Par exemple, si je suis à cet instant précis de ma vie où mon investissement professionnel m’interroge, cela va forcément venir toucher la question de mes valeurs, la part de mes (nouveaux) besoins.
Grâce à la thérapie, un nouvel éclairage sur moi-même provoque un désir d’évolution de l’ensemble de ma vie. Avec lui, mon environnement à plus ou moins grand périmètre.
Vient alors la question du sens à tout ceci : ce que je vis indépendamment du reste (mon deuil, ma rupture, mon burn-out, ma dépression etc.) mais aussi ce que la vie de l’humain peut représenter.
Et, à 80%, effectivement, la question philosophique de la vie, son sens, son intérêt émerge.
Psychothérapie et philosophie
Si ma psychologue est une personne ressource auprès de laquelle je me sens suffisamment en sécurité pour aborder tous les sujets personnels qui m’affectent, il me faut être vraiment bien pour parler de la vie, ma vie et de la mort, ma mort… Pas simple.
Pourtant, dans le cadre d’une alliance thérapeutique de qualité, ces sujets ont toute leurs places.
On peut tout à fait les aborder avec ou sans spiritualité sans se sentir jugé.e (je rappelle la règle essentielle de neutralité bienveillante de votre psy !).
A un moment où nous questionnons nos modèles familiaux, conjugaux, sociétaux, les identités, venir sur le terrain du sens de la vie… fait tout son sens justement !
Et, pour ma part, je trouve que cette question s’inscrit dans une dynamique thérapeutique constructive.
Mes patient.e.s qui l’interrogent se permettent aussi de questionner leur propre rapport au monde, à la vie, à leur histoire.
Beaucoup, lorsqu’ils ou elles sont confronté.e.s à des problématiques professionnelles se posent souvent la question de leur utilité.
D’autres iront jusqu’à se demander quelle motivation peut-on trouver à vivre.
Viennent évidemment les interrogations quant à nos modèles sociaux (de réussite, d’amour, de carrière), nos croyances et le poids de leurs influences dans nos actions et réactions, la place de l’autre, des ses attentes ou des nôtres (enfin, que l’on avait, que l’on a crues avoir, dont on a héritées etc.).
Derrière chaque sujet personnel en apparence, se soulève un lot d’autres questions plus globales, sociales, philosophiques.
Et, l’espace thérapeutique peut devenir un lieu et un moment où éclaircir, pour soi, l’essentiel de ses interrogations.
Je pense / panse donc je suis
Développer sa pensée, c’est prendre conscience de soi-même.
Aussi, prendre le temps de réfléchir sa vie, c’est mieux se connaître.
Et, avec cette réflexion approfondie, c’est l’occasion de se demander ce qui compte, ce qui m’influence, ce qui se joue dans les relations aux autres…
Penser à soi n’a rien d’égocentré puisque cela va ouvrir ma vision sur le monde qui m’entoure : ma famille et son fonctionnement, les jeux de pouvoirs, les valeurs sociétales ou culturelles intégrées par mon groupe d’appartenance (ma religion, mon orientation sexuelle, la place du travail ou de la famille etc.).
Tout ce qui me construit a une origine et des développements que je peux prendre le temps de comprendre, défaire si besoin quitte à les déconstruire pour mieux me reconstruire.
Peuvent alors venir les questions concernant la mort, la vie, les raisons de nos existences.
Dans l’alliance thérapeutique, nous allons faciliter cette émergence.
Se penser permet d’exister. Repenser sa vie permet de se l’approprier, trouver une voie qui nous ressemble.
Poser des questions sur le sens de sa/la vie, son utilité ne signifie pas que l’on veut y mettre un terme. Mais plutôt que la vie que nous menions jusque là ne correspond plus à la personne que nous sommes devenue.
En se (re)découvrant je favorise l’émergence d’un Moi singulier, différent, en évolution.
Penser revient alors à se rencontrer et mieux s’aimer.
(Petites) questions existentielles…
– Finalement à quoi je sers moi ? Et vivre simplement ?
– Pourquoi mourir (je n’ai pas très envie) ?
– Pour quoi vivre ?
– Que signifie « réussir sa vie » ? Et mon modèle à moi ?
– L’amour dure t’il toujours ?
– Suis-je seul.e ? (Et est-ce vraiment grave ?)
– …
Aussi variées et nombreuses qu’elles puissent être, l’intérêt de les aborder dans l’espace thérapeutique est une formidable opportunité de réfléchir sur l’évolution de mes visions mais aussi de faire un bilan sur ma cohérence.
En acquérant une philosophie de vie qui m’est propre, je m’approprie totalement ce que je suis devenu.e et les valeurs qui y sont associées.
Si je souhaite m’inscrire dans une volonté de partages, je vais agir en conséquence.
Si je considère que le sens de ma vie réside dans la transmission, je vais m’engager dans cette voix…
Et c’est la prise de conscience qui va me permettre d’agir.
C’est MON parcours, MA propre philosophie.
Je ne réponds pas aux injonctions du bonheur dicté par d’autres. (Développement personnel compris). Je suis guidé.e par ce que je découvre du Moi, des réponses que je trouve et des voies que je souhaite emprunter.
Belle route à toutes et tous !