De plus en plus de personnes ont entendu parler de la thérapie EMDR (pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore, voir « l’EMDR, c’est quoi ? ») et c’est une bonne chose.
Et beaucoup l’associent comme une pratique utilisable seulement pour les traumatismes sévères.
Ce qui, en soi, est la réalité de départ.
Mais, plus de 30 ans après son ébauche pour aider les vétérans de guerre ou toute personne souffrant d’état de stress post-traumatique, l’EMDR est utilisée dans le cadre d’autres troubles et difficultés.
La crise d’angoisse et les attaques de panique en font partie.
Comprendre ce qu’est une crise d’angoisse, une attaque de panique et l’anxiété
« Rares sont les expériences humaines aussi unanimement partagées que celle de l’angoisse. Nul homme, quels que soient son âge, son sexe, sa condition sociale et économique, l’endroit où il vit et l’époque où il vécut, ne peut se targuer de lui avoir échappé. Héritière, d’un point de vue phylogénétique, de la vieille peur, commune à tant d’espèces vivantes et garante de leurs réactions de survie, l’angoisse chez l’être humain s’est affinée et enrichie de tout le potentiel d’une organisation mentale dotée de représentations, de mémoire et de moyens symboliques pour la penser. » Vassilis Kapsambelis, L’angoisse, Que sais-je ?, PUF, 2022
L’anxiété d’abord va être définie par le Larousse comme une inquiétude pénible, une tension nerveuse, causée par l’incertitude, l’attente. L’exemple donné : Son regard trahissait son anxiété.
En synonyme vient « l’angoisse ».
Ces deux termes sont donc étroitement liés.
La médecine va considérer l’anxiété plutôt comme un trouble émotionnel parfois violent.
L’anxiété peut être diffuse, persistante, irrationnelle et concerner la plupart des situations de la vie quotidienne. On parle alors d’anxiété généralisée.
Cette angoisse impossible à contrôler est source de souffrances et rend impossible tout plaisir.
Parfois, l’anxiété se concentre de manière intense sur une période très courte, quelques minutes à peine.
Sans signe annonciateur, elle surgit violemment et provoque des symptômes qui peuvent simuler une crise aiguë de maladie cardiaque, pulmonaire ou neurologique.
Ce sont les troubles paniques, également appelés attaque de panique ou crise d’angoisse.
Leurs formes se ressemblent souvent : avec des symptômes physiques très éprouvants comme des palpitations cardiaques (et la peur associée de faire un arrêt cardiaque, de mourir), des tensions musculaires pouvant aller jusqu’à la spasmophilie, des sensations d’étouffement, de ne plus réussir à respirer correctement, sueurs, bouffées de chaleur ou sensations de froid, boules dans la gorge, l’estomac et allant jusqu’aux insomnies ou réveils avec angoisses…
Par la violence ressentie, toutes ces réactions créent un effet plus anxiogène encore : les symptômes deviennent déclencheurs d’anxiété ou de peur de maladies plus graves encore.
On met alors en place des stratégies plus ou moins efficaces pour les éviter, ne pas y penser etc.
Il est essentiel de considérer la crise d’angoisse comme une réaction et non comme le début d’une maladie grave aussi impressionnante soit elle.
Pourquoi je fais des crises d’angoisse ?
Il est essentiel de comprendre que l’être humain est à la fois pensant, sensitif et émotif.
Ces 3 paramètres composent véritablement l’unité.
Sauf que nos sociétés occidentales valorisent la pensée au détriment, le plus souvent de nos émotions.
Les sensations ont encore le droit d’expression tant qu’elles sont concentrées sur des douleurs (lesquelles sont, pour la plupart, respectées) mais ce sont les pensées, la capacité de réfléchir, de raisonner qui a la part belle, la reconnaissance et la validation sociale. Les émotions sont reléguées à l’enfance, l’immaturité, la fragilité voire l’incompétence.
De fait, le culturel va prendre le pas sur le naturel.
Pourtant, au cours de mes journées, d’évènements, je vais traverser une série d’émotions qui vont m’accompagner, se succéder mais aussi s’accumuler.
Lorsque je reçois une remarque plutôt désagréable de mon ou ma supérieur.e hiérarchique, je vais d’abord éprouver des sensations physiques elles-mêmes la conséquence d’émotions comme la tristesse, la colère voire l’injustice…
Néanmoins, et afin que cela ne me trahisse pas, je vais mettre en place tout un fonctionnement intellectuel défensif mais qui passe par la réflexion, l’intellectualisation.
Je vais me convaincre que cela n’a pas d’importance, que cette personne ne m’atteint pas, n’est pas qualifiée et tant d’autres. Pire, je vais jouer la dérision et porter un masque social qui me protège.
Cela aura tendance à sauver les apparences immédiates.
Mais, à l’intérieur de moi, l’émotion est bien présente.
La même que je vais faire taire, empêcher, le plus souvent par « peur d’être submergé.e », de ne pas « réussir à gérer ».
Sauf que cette émotion, et toutes les autres que j’ai traversées au cours de ma journée, ces derniers mois et années vont peu à peu se cumuler, un peu comme des couches qui se superposent les unes aux autres.
En les niant, en ne leur accordant aucune place, aucune importance, elles vont finir par faire un trop plein émotionnel qui va chercher un autre moyen d’expression.
Aujourd’hui, on a conscience que des maladies n’arrivent pas par hasard, que la psycho-somatisation est réelle.
On connait toutes et tous les fameuses expressions « je ne le digère pas », « ça ne passe pas » en montrant sa gorge ou son estomac, sans parler des « j’en ai plein le dos etc. ».
Imaginez que vous vous tordez la cheville en courant. La douleur vous foudroie. Franchement, vous viendrait il à l’esprit de continuer à courir dessus en vous appuyant bien et en vous répétant « ça va passer, ça va passer » ??
(On imagine l’état de la cheville).
C’est exactement ce que nous avons tendance à faire avec nos émotions.
Et, comme notre cheville et sa torsion non soignées, nos émotions vont finir par envoyer un signal très fort.
Leur seul moyen d’expression étant physique, il est fort probable qu’elles aient d’abord signifié un mal être par de premiers signes comme de la fatigue, des petites contractures ou gênes (ventre, digestion, gorge encombrée, dos bloqué).
Là encore, pour répondre aux exigences sociales de forces, de compétences (qui contrecarrent toute forme de vulnérabilité – ce qui serait une émotion), vous allez faire comme si, vous répétez que cela va passer etc.
Il ne reste alors plus que le moyen plus violent de vous arrêter : une série de symptômes proches de votre représentation de l’arrêt cardiaque, la mort, la suffocation ou la folie.
(Et, là, ça marche !!).
Comme je vous l’ai expliqué plus haut, l’humain est un tout.
En provoquant une symptomatologie violente, votre corps et votre système nerveux s’arrêtent et s’associent enfin.
Mais la peur de mourir (ou de décompenser) étant terrifiante, le premier réflexe est non pas de se poser mais « d’essayer de gérer » (encore), d’en garder le contrôle.
Cette première crise et le sentiment d’impuissance associés vont devenir traumatiques.
Je vais alors commencer à avoir peur de refaire des nouvelles crises.
C’est la spirale de la peur d’avoir peur.
Comment soigner les crises d’angoisse et les attaques de panique ?
Pour commencer, il est essentiel de comprendre ce processus émotions- sensations-réflexions.
En se rappelant que nous sommes des animaux aussi bien pensants qu’intuitifs, nous pouvons redonner aux émotions leurs lettres de noblesse et leurs droits.
Ce travail de réhabilitation émotionnelle se fera au cours de la psychothérapie via des échanges qualitatifs de psycho éducation et de partages.
Il est essentiel de trouver la ou le bon psychologue pour prendre le temps de (re)découvrir ces fameuses strates, lever chaque couche émotionnelle, apprendre à les accueillir et vivre avec.
L’alliance thérapeutique et les outils de la psychologue sont là pour vous aider, apporter des clés.
En arrêtant de craindre ses émotions, elles deviennent des parts de nous-mêmes qui favorisent une unité équilibrée et sereine.
Et, pour sortir de la peur d’avoir peur, il est fortement conseillé de traiter l’évènement « attaque de panique » comme souvenir traumatique.
L’EMDR et ses protocoles vous aideront à désensibiliser et retraiter la situation passée, dépasser les déclencheurs du présent puis à vous projeter dans une situation future.
Ce qu’il faut retenir :
Les crises d’angoisse fonctionnent comme des signaux d’alerte.
Ne pas les écouter provoquera d’autres crises qui vous feront les craindre voire éviter des situations pourtant agréables avant elles (aller au restaurant, sortir alors qu’il y a du monde, prendre l’avion, le train, l’ascenseur etc.).
La psychothérapie permet de se réapproprier ses émotions et les intégrer à tout ce que vous êtes.
Respectées, entendues, elles vous guideront vers une meilleure appréhension du monde et de vous-même.
La thérapie EMDR est un moyen sûr de traiter les crises d’angoisse et attaques de panique.