EMDR et chocs émotionnels
De plus en plus de personnes ont entendu parler de la thérapie EMDR (pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore, voir « l’EMDR, c’est quoi ? ») et c’est une bonne chose.
Et beaucoup l’associent comme une pratique utilisable seulement pour les traumatismes sévères.
Ce qui, en soi, est la réalité de départ.
Mais, plus de 30 ans après son ébauche pour aider les vétérans de guerre ou toute personne souffrant d’état de stress post-traumatique, l’EMDR est utilisée dans le cadre d’autres troubles et difficultés.
Chaque être humain est amené à connaître une série de chocs émotionnels dans son existence : rupture amoureuse ou amicale douloureuse, trahison, licenciement, disputes répétées etc.
La liste est longue.
On parle alors de « petits traumatismes » ou « petit t« .
Ces traumatismes vont donc suivre le même fonctionnement que n’importe quelle information ou évènement que notre système nerveux central va retraiter lors de la phase de sommeil paradoxal.
Petits traumas mais gros effets
Minimiser les effets de ces moments difficiles revient à poser une sorte de chape de béton sur sa souffrance mais, en aucun cas, à lui permettre de « passer ».
L’éternelle réaction « ça va passer » donne l’impression de favoriser la résilience, mais il arrive que le temps n’est pas suffisant pour évacuer la douleur.
Et même s’il ne s’agit pas de « comparer » ces petits traumas aux plus grands (agressions, attentats…) où la mort, le danger, la survivance sont présents, la charge émotionnelle existe bel et bien !
Comme ces derniers, il va leur falloir un temps d’ingestion, de traitement pour peu à peu les intégrer.
J’ai pu être licencié.e et que ce même licenciement me renvoie à une image tellement négative de moi-même que je n’arrive plus à me (re)considérer et retrouver un emploi.
Un.e autre qui, après une rupture amoureuse de plusieurs mois est encore douloureusement affecté.e.
Les expressions consacrées aux différents soutiens n’y feront rien. On peut savoir que « le temps fait son œuvre, parfois, cela ne fonctionne pas vraiment.
Et l’ingérence, les bons conseils ou l’injonction à la résilience n’aident vraiment pas.
La plupart du temps, ces différents chocs ont tendance à se fixer puis s’accumuler.
Mes ruptures amoureuses vont construire une croyance négative de moi-même de plus en plus crédible à mes yeux.
Mon accrochage en voiture va m’empêcher de monter dans un ascenseur (et me faire avoir différentes peurs irrationnelles).
La mutation de mon ami.e va me donner le sentiment de ne compter pour personne etc.
Comparer ma douleur à celle que d’autres auraient vécu dans un pays en guerre ne me permettra pas de relativiser.
C’est ma part rationnelle qui tente de m’en convaincre.
Ma part émotionnelle, elle, est à vif.
Et, en ne l’écoutant pas, en me contentant de la penser et pas de la panser comme elle le mérite, je m’interdis un accès à moi-même, à ma guérison.
Il est essentiel de comprendre que l’être humain est à la fois pensant, sensitif et émotif.
Ces 3 paramètres composent véritablement l’unité.
Sauf que nos sociétés occidentales valorisent la pensée au détriment, le plus souvent de nos émotions.
Les sensations ont encore le droit d’expression tant qu’elles sont concentrées sur des douleurs (lesquelles sont, pour la plupart, respectées).
De fait, le culturel va prendre le pas sur le naturel.Et, au cours de mes journées, d’évènements, je vais pourtant traverser une série d’émotions qui vont m’accompagner, se succéder mais aussi s’accumuler.
Lorsque je reçois une remarque plutôt désagréable de mon ou ma supérieur.e hiérarchique, je vais d’abord éprouver des sensations physiques elles-mêmes la conséquence d’émotions comme la tristesse, la colère voire l’injustice…
Pourtant, et afin que cela ne me trahisse pas, je vais mettre en place tout un fonctionnement intellectuel défensif mais qui passe par la réflexion, l’intellectualisation.
Je vais me convaincre que cela n’a pas d’importance, que cette personne ne m’atteint pas, n’est pas qualifiée et tant d’autres. Pire, je vais jouer la dérision et porter un masque social qui me protège.
Cela aura tendance à sauver les apparences immédiates.
Mais, à l’intérieur de moi, l’émotion est bien présente.
La même que je vais faire taire, empêcher, le plus souvent par « peur d’être submergé.e », de ne pas « réussir à gérer ».
Mes émotions expriment ce que je vis. Les écraser me fera souffrir.
C’est l’image de la goute d’eau, le trop plein, le craquage voire la crise d’angoisse et/ou attaque de panique.
Chocs émotionnels et EMDR, une thérapie qui fait sens
Ces traumatismes ont une valeur, un impact sur moi-même. Et, il est essentiel de savoir les écouter, les accueillir et les accompagner
Avec la thérapie EMDR, nous allons accueillir ces moments de vie et leur rendre la valeur qu’ils ont pour nous-même.
Sans les juger, sans les rejeter, nous allons pouvoir les désensibiliser et les retraiter.
Des protocoles variés et adaptés à chaque problématique peuvent favoriser un dépassement offrant un véritable soulagement.
Chaque histoire de vie est unique.
Nos capacités d’intégration nous sont propres et il est important de faire confiance à cet ensemble qui nous compose.
Si je craque, c’est que j’ai de bonnes raisons, lesquelles n’ont pas à interroger ma légitimité.
Relégués au statut de mauvais souvenirs mais sans leurs charges émotionnelles, ils seront intégrés dans la mémoire sans n’être plus actifs et douloureux.